L’insonorisation : mettre un terme aux nuisances sonores

40 % des Français expriment des insatisfactions concernant les nuisances sonores au sein de leur domicile. Ce que l’on nomme bruit dans un espace habité est souvent perçu comme une pollution sonore. Cette perception varie selon la sensibilité individuelle aux sons. Comment alors remédier à ce dérangement ? Conseils Thermiques vous apporte des solutions dans cet article.

• Principes fondamentaux du son
• Choisir le matériau de construction adapté
• Les isolants acoustiques les plus performants
• Étapes pour une isolation acoustique réussie
• Choisir les ouvertures
• Sélectionner la porte appropriée
• Optimiser le financement de vos projets d’insonorisation
• Cas pratiques à considérer

Comprendre les éléments essentiels du son

Le son résulte d’une onde acoustique, caractérisée par sa fréquence (allant du grave à l’aigu, mesurée en Hertz) et son intensité (exprimée en décibels). Le seuil d’audibilité est de 0 dB, le son le plus faible que l’oreille humaine peut percevoir.

Un autre élément à considérer est l’émergence, qui désigne la quantité de bruit dépassant le niveau sonore ambiant. Selon l’intensité du bruit de fond, certains sons périodiques peuvent être entendus ou non.

Les sons peuvent être classés selon leur mode de propagation. D’abord, il existe les bruits aériens, où les ondes se déplacent à travers l’air. Cela inclut par exemple le bruit de la circulation que vous entendez depuis votre domicile ou de la musique provenant d’une pièce voisine. Ensuite, les sons peuvent aussi se propager par voie solide, c’est-à-dire via des murs, sols ou structures. Ces bruits incluent les impacts comme les pas.

Pour comparer les matériaux, on utilise souvent la notion d’indice d’affaiblissement. C’est la capacité d’un matériau à réduire le niveau sonore perçu, exprimée en dB : plus cet indice est élevé, meilleure est l’atténuation sonore.

Choisir le matériau parfait pour votre construction

Les murs peuvent être constitués de simples ou de doubles parois. Pour les parois simples, il est judicieux d’opter pour un matériau lourd : le système masse. Par exemple, un mur en béton plein de 16 cm d’épaisseur affiche un affaiblissement sonore de 60 dB, alors qu’une brique creuse de 20 cm d’épaisseur affiche un affaiblissement de 52 dB.

Les structures à double paroi constituent un système masse-ressort-masse. Dans ce cas, le son est d’abord partiellement réfléchi et absorbé par la première paroi rigide. Le matériau « ressort », c’est-à-dire un isolant souple placé entre les deux parois, absorbe ensuite le bruit restant. La seconde paroi rigide réfléchit alors encore une partie vers l’isolant souple.

Comparer les matériaux peut être délicat, car leur efficacité dépend beaucoup de la qualité de l’installation et des conditions spécifiques à chaque cas.

La brique : elle peut être utilisée dans un système « masse » avec, par exemple, une brique monomur, ou dans un système « masse-ressort-masse » avec une double cloison séparée par un isolant.

Le béton cellulaire : que ce soit pour une cloison ou un mur, ce type de matériau propose des performances acoustiques comparables à celles de la brique.

Le parpaing : il affiche de bonnes propriétés en matière de réduction acoustique, légèrement supérieures à celles de la brique et du béton cellulaire.

Les briques chaux-chanvre : ces briques présentent de nombreux avantages, pouvant être utilisées pour cloisonner des espaces ou pour les murs de votre habitation. C’est un matériau innovant prometteur, car ses indices d’affaiblissement acoustique sont très satisfaisants, supérieurs à ceux de la brique et du béton cellulaire.

Les plaques de plâtre : elles peuvent être employées pour des cloisons (plaques-iso-plaque) ou pour doubler des murs, par exemple ceux en parpaing. Il est important d’utiliser un isolant pour maximiser leur efficacité acoustique, sans quoi elles resteront moins performantes que d’autres matériaux.

Pour en savoir davantage, consultez notre analyse comparative sur les matériaux de construction.

Les isolants acoustiques les plus performants : notre sélection !

Y’a-t-il un rapport avec l’isolation thermique ? Beaucoup pensent que l’isolation de leur logement est nécessaire en raison de problèmes de variations de température et souhaitent également résoudre leurs soucis de bruit. Cependant, il est vital de ne pas envisager ces deux types d’isolation de manière identique, car les matériaux et méthodes diffèrent. Néanmoins, il est avantageux de combiner l’isolation thermique et phonique lors d’un projet de construction, car certains isolants sont performants dans les deux domaines.

La ouate de cellulose : sans doute l’option la plus efficace pour l’isolation acoustique. À épaisseur et densité similaires, cet isolant dépasse en performance les isolants en fibres de verre. Attention cependant : si elle est trop tassée lors de la pose, son efficacité acoustique peut s’en trouver altérée. Engager un professionnel vous assurera une application optimale de cet isolant prometteur.

Le liège : couramment employé pour régler les problèmes d’acoustique, bien qu’il soit surtout efficace contre les bruits aériens ; d’autres isolants peuvent également donner de bons résultats. En revanche, il brille dans la lutte contre les bruits d’impact.

La fibre de bois : un large éventail de produits est disponible, permettant de trouver une solution adaptée à vos préoccupations acoustiques. Elle est classée parmi les isolants phoniques de qualité.

La paille : lors de la construction d’un habitat en paille, on bénéficie d’un excellent confort acoustique. Toutefois, son efficacité n’est pas systématiquement supérieure à celle d’autres isolants à épaisseur équivalente.

Laine de mouton : ce matériau isolant démontre une performance semblable à celle de certains produits classiques.

Pan-terre : il s’agit d’un panneau rigide fabriqué à partir de cellulose et de lin. Conçu spécifiquement pour l’acoustique, il est très efficace (son coût est toutefois élevé).

La laine de verre / laine de roche : les fibres minérales sont des isolants qui ont prouvé leur efficacité acoustique au fil des années.

Polystyrène et polyuréthane : les panneaux rigides issus de la pétrochimie ne sont pas recommandés pour l’acoustique.

Isolants minces : il est préférable d’éviter leur utilisation pour atténuer les nuisances sonores.

Pour approfondir, consultez notre analyse comparative des isolants.

Astuces pour réussir votre insonorisation

Vous vivez dans un appartement ou une maison et les nuisances sonores deviennent intolérables. Voici quelques solutions pour améliorer le confort acoustique, avec des isolants performants, en prenant l’exemple du doublage de mur et de l’isolation du plafond. Il est cependant crucial de rappeler qu’il n’existe pas de solution universelle pour ce type de problème. Dans certains cas, réaliser une étude acoustique pourrait s’avérer bénéfique avant d’entreprendre des travaux majeurs.

Rafraîchir l’apparence d’un mur avec un doublage esthétique

Un doublage isolant sur votre mur diminuera les bruits aériens provenant d’autres pièces de votre demeure. Nous aborderons ici le doublage à coller ainsi que celui en ossature.

Le doublage à ossature consiste à installer une structure en bois ou métallique sur le mur existant (une ossature métallique offre un meilleur confort acoustique). Ensuite, un isolant souple est mis en place (comme de la laine de cellulose). Il est crucial que cet isolant ne soit pas comprimé pour maintenir ses performances acoustiques. Enfin, une plaque de plâtre vient couvrir le tout.

Des panneaux prêts à coller sont également disponibles. Composés d’un isolant (comme de la fibre isolante en verre) et d’une plaque de plâtre, il est essentiel que votre mur soit propre et de niveau pour une pose optimale.

Mettre en place un sous-plafond personnalisé

Si les bruits de pas venant du voisin du dessus deviennent insupportables, l’isolation de votre plafond peut s’avérer être une excellente solution, avec l’avantage supplémentaire d’améliorer l’isolation thermique. Cela dit, commencez par en discuter avec eux. Des mesures simples comme enlever ses chaussures à l’intérieur ou ajouter des patins sous les meubles peuvent faire une grande différence. Bien qu’il soit irréaliste d’exiger d’eux de changer leur sol, cela demeure la solution idéale pour ce type de problème acoustique (à condition d’utiliser un sol adapté).

Enfin, en dernier recours, vous avez la possibilité d’isoler votre plafond en procédant à un doublage. Des plaques de plâtre sont alors fixées à une ossature métallique, elle-même maintenue par des suspentes acoustiques anti-vibrations. De préférence, des panneaux isolants (comme de la fibre de chanvre textile) à forte densité sont placés dans l’ossature métal. Cette technique a néanmoins pour inconvénient de réduire la hauteur sous plafond de votre appartement.

Comment choisir les meilleures fenêtres pour votre intérieur ?

Si les bruits extérieurs affectent votre qualité de vie, envisager le remplacement de vos fenêtres peut être une bonne option. Plusieurs méthodes s’offrent à vous, selon votre budget et les travaux envisageables.

Pour ceux au budget limité disposant déjà de fenêtres à double vitrage, commencez par vérifier vos joints. Une bonne étanchéité peut réduire le bruit de 5 dB. Il est recommandé d’opter pour des joints en silicone plutôt qu’en mousse.

Si vos fenêtres sont en mauvais état, c’est le bon moment pour les remplacer : cela améliore à la fois le confort thermique et acoustique. Les performances thermiques et acoustiques d’un vitrage ne sont pas nécessairement en corrélation. Par exemple, le vitrage triple offre une meilleure performance thermique que le vitrage isolant double, mais ne garantit pas une amélioration acoustique.

Remplacez votre fenêtre par du double vitrage tout en conservant le cadre existant. Les vitres doivent avoir des épaisseurs variées pour éviter des effets de résonance (comme 10/10/4).

Si vous êtes exposé à des nuisances sonores importantes, il serait judicieux d’opter pour un double vitrage très performant (dissymétrique avec des vitres de différentes épaisseurs ou feuilletées).

Enfin, si votre logement le permet, la meilleure solution acoustique sera l’installation d’une double fenêtre avec un espace d’au moins 15 cm entre la nouvelle fenêtre et l’ancienne. Attention, cette installation doit respecter les normes de ventilation de votre habitation.

Concernant le châssis, les caractéristiques acoustiques ne dépendent pas du matériau utilisé.

Le style de la fenêtre peut également influencer votre isolation phonique. Privilégiez les fenêtres « à la française » par rapport aux modèles coulissants, qui laissent passer plus de bruit.

Le label Acotherm, fourni par des organismes publics tels que le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, permet d’évaluer rapidement le niveau d’isolation acoustique d’une fenêtre :

	Classement	Atténuation sonore (dB) Menuiserie avec entrée d’air	Atténuation sonore (dB) Menuiserie sans entrée d’air
	AC1	28	26
	AC2	33	31
	AC3	36	34
	AC4	40	38

Le label privé Cekal propose également une classification sur 6 niveaux :

	Classement	Atténuation sonore (dB)
	AR1	25 à 28
	AR2	28 à 30
	AR3	30 à 33
	AR4	33 à 35
	AR5	35 à 37
	AR6	> 37

Pour approfondir, consultez notre article sur la sélection de fenêtres à haute performance.

Choix de la porte idéale pour votre espace

Tout comme pour les fenêtres, vérifier l’état de vos joints peut vous permettre d’améliorer votre isolation acoustique sans trop dépenser. Des joints d’étanchéité sur les bords et une barre de seuil peuvent également être efficaces.

Si vous prévoyez de remplacer votre porte, sachez que plus le vantail est large, meilleure sera l’isolation phonique. Cela pourrait nécessiter des travaux importants, parfois difficiles à accepter par votre copropriété.

Changer le bloc porte extérieur peut significativement améliorer votre confort acoustique. Vérifiez bien la notation Acotherm pour une évaluation de la performance acoustique.

Comme pour les fenêtres, l’installation d’une double porte s’avère être la méthode la plus efficace pour bloquer le bruit, chaque porte devant être espacée de 20 à 30 cm.

Améliorer le financement de vos projets d’insonorisation

De nombreuses aides financières existent pour vous aider à insonoriser votre logement : MaPrimeRénov’, CEE, Eco PTZ… Contrairement à l’isolation thermique, il n’y a pas de conditions strictes à respecter. Toutefois, il est essentiel que l’isolant phonique soit également efficace sur le plan thermique. Consultez notre article consacré aux soutiens financiers pour découvrir les différentes primes disponibles.

Dans des situations complexes, avoir recours à un professionnel peut être nécessaire. Une étude acoustique pourrait également se révéler très utile pour identifier précisément vos nuisances sonores.

Enfin, si vous engagez un professionnel, il est recommandé de comparer les devis afin de garantir un juste prix.

Études de cas à découvrir

Les coffres de volets roulants : ils peuvent être une source de bruit venant de l’extérieur. Soyez conscients que les volets ont un indice d’isolation acoustique, ce qui est un critère important lors de votre achat. Vous pouvez agir à plusieurs niveaux. Tout d’abord, vérifiez l’étanchéité du caisson de vos volets roulants. Un simple joint en silicone entre le caisson et le plafond ou le mur intérieur peut résoudre ce problème. Ensuite, envisagez de renforcer le coffre en le doublant avec une plaque de bois aggloméré dense ou un panneau de liège expansé. Pour réduire le bruit, vous pouvez également tapisser l’intérieur du coffre d’un isolant phonique tel qu’une nappe de feutre de bois.

Ne condamnez pas les entrées d’aération des fenêtres : c’est une très mauvaise idée ! Bien que ces entrées d’air laissent passer le bruit, elles sont essentielles pour garantir la circulation de l’air dans votre logement. Un bon renouvellement de l’air est crucial pour votre santé et celle de votre maison, grâce à une ventilation adéquate. Sachez qu’il existe des entrées d’air acoustiques, qui permettent une bonne circulation tout en limitant le bruit.

Que dire des rideaux anti-bruit ? Un rideau ordinaire, fait d’un seul matériau, n’aura qu’un impact minime sur votre isolation phonique. En revanche, il existe des rideaux spécialement conçus pour cet usage, qui se composent de plusieurs couches (velours, coton, PVC, aluminium, etc.). Pour être vraiment efficaces, ils doivent couvrir pleinement la zone à isoler (y compris la feuillure de la porte ou la jonction entre le dormant et la fenêtre).

Ma VMC est trop bruyante : tout d’abord, essayez de déterminer si ce bruit est dû à un dysfonctionnement de la Ventilation Mécanique Contrôlée. Si ce n’est pas le cas et que le bruit provient des vibrations du moteur, éloigner le bloc de VMC des murs de votre habitation peut aider. Le bloc de VMC peut être suspendu sur des élastiques ou placé sur un support anti-vibrations (comme une plaque de liège ou de fibre de bois). Assurez-vous aussi de nettoyer régulièrement les bouches d’extraction, qui peuvent émettre des sifflements.

Conclusion

Comme vous l’avez constaté, pour améliorer votre insonorisation, il est primordial d’identifier l’origine des nuisances sonores et d’apporter les modifications nécessaires. Dans certains cas, effectuer une étude acoustique peut s’avérer très bénéfique. Étant donné la complexité de l’insonorisation, faire appel à des professionnels expérimentés peut garantir le succès de vos travaux.

Si vous êtes dans une phase de construction, la résistance à l’air est essentielle. Même les plus petites ouvertures peuvent grandement nuire à l’isolation phonique de votre maison.